Miss Africa

Tous les problèmes de l’Afrique ont une base éducationnelle

Ou pourquoi l’Etat devrait investir plus dans l’éducation

 

Vu que le système éducatif africain est inefficace et inadapté aux réalités et aux besoins des africains, l’Etat devrait penser à le réinventer en y investissant plus de ressources financières et humaines. De prime abord, je préfère clarifier certaines choses. L’amalgame entre scolarisation et éducation me gêne. Aller à l’école et y recevoir des cours, c’est être scolarisé. Mais être éduqué, c’est vivre de tel sorte de n’être une charge encombrante ni pour l’Etat, ni pour les autres citoyens. Etre éduqué, c’est être émancipé, c’est avoir reçu les moyens de se rendre libres. Donc une éducation complète, c’est une scolarisation doublée d’une connaissance des notions de savoir-vivre et de civisme, le tout enveloppé dans un contexte culturel. Mais ça reste toujours mon avis.

En Afrique, le taux d’analphabétisation des adultes (15-49)est de 49.5% (Source: UNESCO). Quant au taux d’achèvement, on l’évalue à 4.4% selon la même source. Ces chiffres-là signifient tout simplement que des personnes, vivants en Afrique n’ont pas reçu une part importante du processus d’éducation. Pire, ces chiffres montrent le nombre de personnes qui peuvent constituer un frein au développement réel d’un pays. Oubliez les chiffres de croissance économique que nos présidents nous balancent à la figure. Ce ne sont pas les chiffres les plus importants. Un pays ne peut se départir de son développement social. Il faut par conséquent, vu que les messieurs sont trop préoccupés par leur taux de croissance, qu’on s’en charge. Par deux exemples assez simples, je vais vous montrer que les plus importants problèmes de l’Afrique ont tous une base éducationnelle.

Exemple 1 : La mauvaise gouvernance

Dans la catégorie « mauvaise gouvernance », je mets la corruption, l’alternance entre deux régimes qui est toujours compliquée et les nombreux « vols » dans les caisses publiques. Vous savez ce qui provoque cela ? Le manque d’éducation à la citoyenneté. Parce qu’éduquer à la citoyenneté, c’est faire prendre conscience qu’on fait toujours des choix et que chacun de ces choix a des conséquences. Donc mon ami, si tu extorques de l’argent à des marchands à la douane, sache que les légumes que ta femme va acheter au marché seront naturellement plus chers. Si tous ceux qui se ruent vers les institutions publiques ont été scolarisés mais n’ont pas été éduqués à la citoyenneté, l’on se retrouve dans des pays où l’indice de perception de la corruption est à 10. (cas de la Somalie)

Exemple 2 : La croissance démographique

Dire que la naissance de bébés est un problème, c’est bien un discours d’économiste. Et comme je ne suis pas économiste, je trouve toujours que la vie est une grâce. Cependant, chaque enfant a le droit d’être choyés. Et ce n’est pas le cas de tous les enfants. Toutefois, ne rejetons pas tout de suite la pierre aux parents. La plupart du temps, ces grossesses ne sont pas désirées. Soit les parents n’ont pas reçus d’éducation sur le planning familial, soit ce sont des jeunes filles qui n’ont pas été éduquées sexuellement.

 

Les exemples auraient pu s’étendre jusqu’à l’infini.  Il est vraiment important de faire naître une nouvelle génération de personnes éduquées pleinement. Enfin, pour peu que ce soit possible. Mais des personnes qui ont le sens du savoir-vivre en société, de la citoyenneté et surtout ancrées dans leur culture mais suffisamment ouvertes d’esprit pour ne pas rejeter ce qui est extérieur. Plusieurs solutions peuvent être proposées. J’en ai une en stock, que je vous présenterai plus tard. Et j’espère que vous serez nombreux à y adhérer. Avant de se quitter, j’ai une question pour vous : Quelle est  l’école idéale ? Qu’auriez-vous aimé apprendre ? Qu’est-ce qui peut être retranché des programmes scolaires ? En gros, quelle éducation avez-vous reçu (si vous jugez qu’elle est bien) ou auriez-vous aimé recevoir ?


Stop aux idées reçues sur le terrorisme

Le terrorisme gangrène nos sociétés. C’est déjà une plaie de supporter tous ces innocents morts au profit d’une idéologie. Mais c’est encore plus un problème quand ces meurtres font naître des préjugés et idées dont la communauté mondiale peut se passer. Dans cet article, je tenterai de vous montrer que vous avez tort de penser de telle ou telle manière.

Les musulmans sont tous des terroristes

Dessin d'un homme voilé musulman

Dans mon top 5 des préjugés sur les africains, je disais: « Le terrorisme est le fait d’utiliser la terreur à des fins politiques. Bon, vous devez connaître la définition. C’est le nouveau mot en vogue bien malheureusement. Les actes terroristes se multiplient. Des gens font taire leur humanité pour, d’après l’idée que les médias semblent vouloir propager, plaire à un Dieu. Le terrorisme est à présent associé à la religion musulmane. Et comme les pays d’Afrique du Nord sont musulmans, cela va de soi qu’on les assimile à des terroristes. »

Toutefois, selon le dernier rapport produit par l’organisation européenne, seulement 17 attaques ont été commises en Europe l’an dernier par des groupes djihadistes. Alors que les groupes nationalistes ou séparatistes en ont commis 65.

De plus, depuis le 11 Septembre 2001, ce sont 187 attaques qui ont été perpétrées par des individualités, pas forcément affiliées à des mouvements terroristes. Par exemple, la fusillade de San Bernardino, en Californie, entre dans cette catégorie puisque, bien que le groupe armé État islamique ait revendiqué l’attaque, rien ne semble indiquer qu’il l’ait initialement organisée.

Sachez même qu’Al-Qaïda n’est directement responsable en sol américain que des quatre attaques du 11 septembre 2001.

Autre point, selon la récente étude de la Banque mondiale, les pays à forte population musulmane qui affichent les plus hauts niveaux de religiosité sont moins susceptibles d’être des sources de recrues pour Daech.

 

Les terroristes sont tous des analphabètes

Source: Rapport de suivi de la situation économique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (Octobre 2016) par la Banque Mondiale

Nos travaux montrent que Daech n’a pas recruté ses effectifs étrangers parmi les pauvres et les ignorants, mais plutôt le contraire. En revanche, l’absence d’intégration économique semble expliquer l’ampleur de la radicalisation conduisant à l’extrémisme violent.

69 % des recrues ont un niveau d’éducation secondaire au moins, tandis que 15 % ont interrompu leurs études avant le lycée et moins de 2 % sont analphabètes.

Les recrues étrangères originaires du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord et de l’Asie du Sud et de l’Est ont un niveau d’instruction sensiblement supérieur à celui généralement observé dans leur région.

Concernant leur connaissance de la religion, 53 % des recrues la qualifient d’« élémentaire », 20 % de « moyenne », et 4 % d’« avancée ».

Constatation importante, ces individus ne sont ni incultes, ni analphabètes. La plupart disent avoir fréquenté l’enseignement secondaire, et une forte proportion a ensuite suivi des études universitaires.

Les recrues en provenance d’Afrique, d’Asie du Sud et de l’Est et du Moyen-Orient, notamment, sont sensiblement plus éduquées que le reste de leur génération dans leur région d’origine. L’immense majorité d’entre elles déclarent avoir exercé un métier avant d’adhérer à l’organisation.

Ces résultats correspondent à ceux de diverses autres études qui aboutissent à une conclusion similaire : la pauvreté n’est pas un facteur de radicalisation menant à un extrémisme violent.

L’examen des indicateurs de l’intégration économique montre en revanche une forte association entre le taux de chômage masculin et la propension d’un pays à fournir des recrues étrangères à Daech.

Le chômage chez les membres instruits de la population accroît la probabilité qu’ils nourrissent des idées radicales.

Les migrants sont tous des terroristes

Barque sur une rivière

Selon une récente étude de l’université de Warwick, il n’existe pas de relation de cause à effet entre le flux migratoire et le terrorisme. Basée sur les statistiques fournies par la Banque Mondiale et le Global Terrorism Database, cette étude affirme même que plus l’immigration augmente, moins la menace terroriste se fait sentir.

«Les migrations en tant que telles, indépendamment de l’ampleur du terrorisme dans le pays d’origine, mènent à une baisse du nombre d’attaques terroristes de 0,5 à 0,6% quand le nombre de migrants entrant dans un pays augmente de 10%», rapporte l’étude. «Quand les migrants se déplacent d’un pays à un autre, ils emmènent avec eux des compétences, un savoir et des perspectives, ce qui stimule l’innovation technologique, la diffusion des nouvelles idées et la croissance économique», explique Vincenzo Bove au Washington Post.

 

Nous voilà à la fin de cet article. J’espère vous avoir démontré que vous avez tort de penser que les terroristes sont des migrants musulmans analphabètes. Il est important de nous débarrasser de nos préjugés et idées reçues. Ce sont autant de freins au mieux-vivre ensemble. Je n’ai pas LA vision large des choses. Et c’est avec plaisir que j’accueillerai vos commentaires pour enrichir l’article.

Merci et à Lundi prochain.


Clichés les plus répandus sur les africains : top 5

Les préjugés ont la vie dure. Depuis la traite négrière, les Noirs et les africains dans leur ensemble sont sujets à plusieurs idées reçues. Elles ne sont pas toujours vraies. La plupart sont nées du processus de déshumanisation de l’africain. Je vous propose mon top 5 des clichés les plus répandus.

 

  1. Les africains savent danser

    Carlton danse
    Source: Giphy

C’est devenu presqu’une vérité empirique. Aucune étude n’a été faite sur le sujet mais il semblerait que tout le monde soit d’accord sur cet état de fait. Les africains ont toujours eu la musique dans la peau. La musique et la danse avaient un caractère spirituel pour eux. Quand tout leur fut enlevé, quand ils n’avaient aucun droit, aucun bien, seules la musique et la danse constituaient une source de réjouissance.

  1. Les africains sont plus fort physiquement

    Homme noir musclé

Si nous avons été victimes du Yovodah, si nous avons été séparés, si nous avons été exploités et tués dans les champs de coton aux Etats-Unis, c’est bien parce que nous étions considérés comme plus fort.

  1. Les africains ont un sexe surdimensionné

    Femme qui applaudit
    Source: Giphy

Ah ça ! Ce bon vieux préjugé qui nous colle à la peau. Doit-on en être fiers ? Pas si sûr. Ce préjugé est né de la volonté de minimiser un organe (le cerveau) et de maximiser une autre membrane.

  1. Les africains du Nord ne sont pas vraiment des africains

    Un sahélien souriant

Est-ce que les africains du Nord se considèrent comme des africains de prime abord ? Cette question est très importante au niveau du panafricanisme. Qui est africain et qui ne l’est pas ? Etre africain, est-ce une idéologie ? Choisit-on d’être africain ? Ou l’africain est-il seulement celui qui se trouve dans l’espace géographique désigné ? Dans ce cas, être africain n’est pas un choix.

  1. Les africains du Nord sont tous des terroristes

    Drapeau de l'Ei avec des inscriptions arabes
    Drapeau de l’Etat Islamiste

Le terrorisme est le fait d’utiliser la terreur à des fins politiques. Bon, vous devez connaître la définition. C’est le nouveau mot en vogue bien malheureusement. Les actes terroristes se multiplient. Des gens font taire leur humanité pour, d’après l’idée que les médias semblent vouloir propager, plaire à un Dieu. Le terrorisme est à présent associé à la religion musulmane. Et comme les pays d’Afrique du Nord sont musulmans, cela va de soi qu’on les assimile à des terroristes.

Bonus: Les africains sont toujours de bonne humeur

La danse de carlton
Source: Giphy

Bon ça, c’est pas un cliché qui peut être remis en question. On adore la vie !!!

 

Et voilà, nous sommes à la fin de cet article. Vous avez découvert mon top 5 des clichés les plus répandus sur les africains. J’ai dû oublier beaucoup d’autres. Et c’est avec plaisir que je lirai en commentaire ceux que vous avez relevés.

 


Manifeste des enfants de la liberté

Devenons des enfants de la liberté

Marc Levy écrivait en 2007 les enfants de la liberté. Ce roman retrace la vie de jeunes étrangers qui se sont battus pour les citoyens de leur pays d’adoption, la France. Ils avaient à peine la vingtaine. Tous, espagnols, russes, polonais combattaient le système imposé par Hitler. L’Occupation avait redonné de nouvelles couleurs au pays de la déclaration universelle des droits de l’Homme. Les français du maréchal Pétain ne s’en prenaient pas aux véritables coupables et assassins, les miliciens allemands. Non, la France de Pétain s’en prenait à ceux qui faisaient la guerre qu’elle n’avait pas le courage de faire. Ces juifs avec leurs étoiles jaunes telles la cicatrice d’Harry Potter, ces métèques avec leurs accents si reconnaissables et si méprisables sont morts pour leur liberté mais aussi celle des français en chantant fièrement La Marseillaise.

Vous vous demandez certainement pourquoi je vous parle de cela ? Vous vous dites pourquoi j’écris sur l’Histoire ? Pourquoi d’ailleurs sur l’Histoire d’un autre continent ? Ne suis-je pas censé parler uniquement de l’Afrique ? N’est-ce pas là mon champ d’action ? Et c’est exactement là que vous vous trompez. Cette trame se déroulant dans les années 40 peut être parfaitement réadapté au contexte actuel. Comme quoi, l’Histoire n’est qu’un cycle. J’ai alors pensé que tout le monde devrait savoir ce qu’est un enfant de la liberté. Quelles sont les traits caractéristiques d’un enfant de la liberté ? Comment agit-il ?  Quelle est sa philosophie ?

 « Que leurs voisins souffrent, tant que la peine ne pénètre pas chez eux, ils préfèrent ne rien voir : faire comme si les mauvaises choses n’existaient pas. »

Nous sommes nombreux à agir de la sorte. A faire comme si les problèmes du reste du monde tant qu’ils ne nous concernent pas, n’existent pas. Les africains ne se sentent pas concernés la plupart du temps par les problèmes des afro-américains. Et vice versa. Où est passé notre penchant panafricain ? Certains se plaignent sur Facebook que les démonstrations de compassion envers l’attentat de Londres ou de Manchester, ou de Nice sont beaucoup plus importantes que celles envers les attentats au Nigéria, au Mali. Désolé mais ceci n’est pas une compétition de propagande. C’est d’une logique implacable qu’on en parle plus que des attentats en Afrique. La plupart des médias que nous suivons sont justement occidentaux. Ce n’est pas étonnant qu’ils parlent plus d’eux. C’est de l’égocentrisme médiatique et c’est tout à fait normal. Mais là n’est pas la vraie question.

Le vrai problème se situe au niveau de notre implication dans les difficultés que traversent le reste du monde. Ce n’est pas parce que je suis afrocentrique, panafricaniste, que la souffrance des autres doit m’être égale. Ce n’est pas parce que je suis africaine, que j’ai suffisamment de problèmes comme ça  sur mon continent que je vais fermer les yeux sur les injustices commises à l’autre bout de la planète. Avant d’être africaine, européenne, asiatique, je suis humaine. En tant que tel, j’accepte le fait de vivre dans une communauté bien plus grande que ma simple région. Si les enfants de la liberté si bien décrits par Marc Levy s’étaient considérés comme italiens, hongrois, roumains, etc. avant d’être français, s’ils avaient décidé d’accepter leur sort au lieu de perdre la vie pour ceux qui justement les lynchaient, l’Occupation aurait été une période bien plus sombre. Nous devons être une communauté sensible à tout ce qui se passe autour de nous afin d’agir plus promptement face aux crimes et à l’injustice.

« Nous n’avons jamais tué un innocent, pas même un imbécile »

Enfant tenant une arme à feu

La deuxième chose que l’on apprend des enfants de la liberté, c’est que la vie est précieuse.

«  Nous ne nous battons pas pour mourir, mais pour la vie tu comprends ? » répétaient-ils souvent.

Ils se battaient pour que d’autres aient ne serait-ce que quelques mois de répit avant le camp de concentration. Dans cette Europe-là, ce n’était pas rien. Le temps et la liberté. Voilà ce qui comptait vraiment. Le temps de profiter de sa famille pour certains. Le temps d’envoyer plus de Juifs dans les camps de concentration pour d’autres. Moins pour un groupe signifiait plus pour l’autre. Mais même dans cette guerre de temps, même lorsque sauver des innocents pouvaient mettre une mission en déroute, les enfants de la liberté ne reculaient devant rien. Seuls ceux qui tuent, déportent ou arrêtent doivent mourir.

Voilà une belle philosophie que tous les activistes devraient embrasser. Combien sont morts dans des altercations entre protagonistes ? Combien ont été grièvement blessés lors d’une confrontation qu’ils n’avaient pas prévu ? Leur seul tort, c’est d’avoir été au mauvais endroit au mauvais moment. On en a marre des groupes d’étudiants qui revendiquent un quelconque droit et qui violentent des innocents par la même occasion. On en a ras-le-bol des mutins qui ne respectent pas la hiérarchie, qui bloquent toute une économie pour quelques billets. Nous, les innocents, sommes fatigués d’être les premières victimes alors que nous sommes les derniers coupables.

Un innocent n’est jamais un dommage collatéral. Et ce, peu importe l’importance de l’action ou de la cause à défendre.

Oui, je sais. C’est plus facile à dire qu’à faire. Mais pour une espèce qui a marché sur la lune, ce ne devrait pas être super compliqué d’épargner une vie.

« Tu vois, c’est l’histoire d’un curé qui se prive de manger pour sauver un Arabe, d’un Arabe qui sauve un juif en lui donnant encore raison de croire, d’un Juif qui tient l’Arabe au creux de ses bras, tandis qu’il va mourir, en attendant son tour ; tu vois c’est l’histoire du monde avec ses moments de merveilles insoupçonnés. »

Enfant joyeux

En voilà, un sujet chaud. Un sujet avec lequel il faut prendre la pincette. Parait-il qu’il ne faut pas heurter la sensibilité de l’auditoire, du lectorat ou de l’audimat. Il est de plus en plus difficile de dire les choses telles qu’elles sont. Quand on essaie de les tourner en dérision pour les rendre moins importantes, c’est encore plus grave.

Vous savez, le plus beau dans ce roman de Marc Levy, c’est l’union de toutes ces personnes de différentes nationalités. Ils étaient tantôt italiens tantôt hongrois et etc. mais tous se supportaient l’un l’autre. Ils croyaient en un idéal commun. Ils se fichaient de savoir de quel origine était l’un, quel accent avait l’autre. Ils avaient un but commun.

La citation ci-dessus est extraite d’un passage où les personnages sont dans une prison, un endroit sinistre et sale. Et dans cette détresse, ils se serrent les coudes. Avant de rentrer dans cette prison, la nationalité, les origines, la religion ne comptait pas. Mais dans cette prison, elle comptait encore moins.

Le terrorisme est notre prison. Mais ce n’est pas en devenant islamophobe qu’on en sort. Ce n’est pas en assimilant l’islam à la mort qu’on en est libéré. Ce n’est pas en privant les musulmans de leur liberté de croire que nous en sommes sauvés. Non. C’est en se rappelant que l’islam est une religion d’amour et de paix ; c’est en se souvenant que les musulmans ne sont pas tous membres de l’Etat Islamiste ; c’est en prenant conscience que nous ne pourrons nous débarrasser de ce fléau qu’en faisant qu’un que le miracle se produit. Parce qu’unis, rien ne nous résiste.

Le réchauffement climatique est notre prison. Cette terre est la nôtre. Elle était là avant que nous voyions le jour et elle devrait être là après que nous mourrions. Elle devrait surtout être en bonne état après notre mort. Ce n’est pas en essayant de rendre l’Amérique grande encore que nous en serions sauvés. L’argent ou la prospérité sont bien inutiles quand il n’y a plus de vivriers à se mettre sous la dent. C’est ensemble et seulement ensemble que nous pourrions résoudre ce problème. Parce qu’unis, rien ne nous résiste.

En définitive,

« Ce qui compte aujourd’hui, c’est que des mots de vérité, quelques mots de courage et de dignité pleuvent sur le cortège. Un texte gauchement écrit, mais qui dénonce quand même ce qui doit être dénoncé ».

Les enfants de la liberté est une fiction mais qui s’appuie sur des faits historiques réels. La conscience du monde a voulu que Marc Levy fasse passer un message aux amoureux de la liberté, aux détracteurs de l’injustice et aux grands activistes. C’est cette même conscience qui a désiré que je vous rappelle que nous constituons un bien petit village dans l’espace. Elle a tenu à ce que j’insiste sur le fait que chacun doit œuvrer pour le mieux vivre, pour le vivre ensemble. Soyons acteurs du changement.

PS : N’oublions pas que les enfants de la liberté étaient des étrangers, des migrants…A suivre

Bouche d'un enfant noir


La dépigmentation, une insulte au combat de nos aïeuls

« La dépigmentation est une insulte au combat de nos aïeuls »

J’ai toujours vécu à l’intérieur du pays. Et en tant que bonne campagnarde, la capitale est un choc. D’un côté, à cause de l’air qui est aussi lourd que de l’eau. Et de l’autre, à cause des habitudes des gens. Ce qui m’a le plus marqué, c’est le nombre de fausses blanches. Comme on dit chez nous, les gos qui se tcha là.

Que ce soit à Dabou ou à Yamoussoukro, je n’avais jamais observé une aussi grande quantité de  personnes dépigmentées. J’en voyais mais pas beaucoup. A croire que la métropole amplifie l’effet de dépigmentation.

Etant une personne qui a dû mal à condamner avant de connaître, je m’interroge sur les raisons de cet acte auprès de mes voisines (tcha). Certaines prétendent que les hommes sont plus attirés par les femmes de peau claire. Tandis que d’autres affirment qu’elles le font pour elles-mêmes parce qu’elles se sentent plus belles donc plus confiantes.

Ladjilaaa !!!!! Tout ça pour ça ?!!

Je veux dire vous risquer votre santé souvent même votre beauté (soyons francs) pour CES raisons-là. Elles ne tiennent même pas debout. Ce sont des châteaux de cartes (House of cards’ fan spotted 😉 ). Mais ce qui me fait le plus de peine, c’est que la dépigmentation est une insulte au combat de nos aïeuls.

Les colons sont venus et ils ont dit que les Noirs étaient des sauvages, une race inférieure. Des années plus tard et aidés par des gens comme Marcus Garvey, Luther King, Rosa Parks, Stokely Carmichael, Nelson Mandela… nous sommes à présent l’égal des Blancs. Nous sommes indépendants (enfin sur le papier). Nous sommes reconnus à présent comme des êtres qui ont autant de valeur que d’autres.

Et la dépigmentation prouve votre mal-être.

La dépigmentation prouve que vous vous sentez mal dans votre peau de NOIR. Alors que des gens ont perdu la vie pour que vous puissiez revendiquer cette couleur de peau. Est-ce que vous voyez le paradoxe ????!!

Je veux bien comprendre…mais je ne comprends pas. Etre Noir, c’est avoir une histoire tellement riche et forte. Je ne dis pas que se dépigmenter la peau vous départit de cette histoire. Non. Je dis juste que « quand tu connais réellement et profondément la portée historique de qui nous sommes, en tant qu’africains, c’est ta vision du monde qui change » et souvent tu as juste envie de te tchâ mais à l’envers, de laisser tes cheveux nappy et de te promener en kenté tous les jours.

Ce doit être une fierté pour nous d’être noir. Nous connaissons tous les méfaits de la dépigmentation. On en parle assez dans les lycées et collèges et même dans les rues. Si nous continuons quand même dans ce sens, c’est surtout pour un problème de confiance en soi. Et c’est à ce moment-là que j’admire Khoudia Diop.

Khoudia Diop en robe rouge

 


La question de l’ethnicité en Afrique

 

Gottlob Frege (1894) se prononçait en ces termes :

« Puisque toute définition est une identité, l’identité elle-même ne peut être définie ».

Ainsi, la notion d’ethnie reste-t-elle floue et sa définition complexe. D’autant plus que peu sont les anthropologues qui s’y attardent, préférant largement expliquer les conséquences de l’ethnie sur l’organisation sociale. Si l’ethnie ne semble pas avoir de définition qui ait trouvé yeux auprès de tous, l’ethnicité par contre est le sentiment d’appartenir à un groupe différent des autres et de le revendiquer. A en croire les médias, il semblerait que tous les conflits contemporains de l’Afrique aient pour unique cause latente ou patente ce sentiment d’appartenance à une des nations au sein d’un Etat.

L’Afrique est-elle vraiment marquée par l’ethnicité ? Ou porte-t-elle encore les stigmates d’une époque coloniale ?  Dans quelles mesures l’ethnicité peut se révéler être un frein au développement de l’Afrique?

Les africains se prévalent d’avoir une identité tantôt créole, tantôt zulu, tantôt yoruba. Ils en sont fiers. Mais peu savent qu’il s’agit d’un héritage de l’époque coloniale. Loin de moi l’idée de penser que les ethnies n’existaient pas avant l’arrivée des Blancs sur nos côtes. Seulement les différences entre ces groupes ethniques n’étaient pas marquées et ne posaient par conséquent aucun souci d’ordre politique ou social. L’administration coloniale a jugé que cet état de fait prouvait notre primitivisme. Et dans un souci de civilisation et d’organisation des colonies, elle a accentué les différences entre groupes ethniques pour les classer et mieux les diriger. C’est assez paradoxal parce que l’administration coloniale était censée porter un message d’universalisme et de République alors qu’en réalité, elle créait des dissensions au sein des colonies.

Toutefois, c’est à la succession des Big Men (hommes politiques ayant obtenu l’indépendance pour leur pays) dans les années 90 que la notion d’ethnicité a été reprise par les politiciens. En effet, avec la mort des Big Men, c’est aussi le système de parti unique qui meurt. Dans un environnement politique plus concurrentiel parce que plus ouvert, l’ethnicité devient un moyen pour les politiciens de gagner les élections. Le sentiment de loyauté envers les personnes du même groupe ethnique « obligent » les Bété, par exemple, de voter pour un candidat de la même origine.

La situation politique en Côte d’Ivoire depuis la mort de son père fondateur Félix Houphouët Boigny en fait un exemple typique.

Ce dernier dans un souci de dynamique agraire a invité certains cultivateurs de pays étrangers à s’installer en Côte d’Ivoire. Ces derniers n’avaient pas toujours la nationalité ivoirienne mais avaient un droit de vote. Monsieur Big Brother Félix Boigny voulait s’assurer de toujours sortir vainqueur des élections. Cette situation ne gênait pas jusqu’à ce qu’un candidat à la présidentielle aux origines douteuses se présente. Et là, ça a fait jaser. Surtout qu’avec la chute des cours du café et du cacao, les ivoiriens remettaient la faute sur les étrangers. Chaque politicien a vu là une aubaine pour gagner le suffrage. De Henri Konan Bédié à Laurent Gbagbo sans oublier Alassane Ouattara lui-même, tous ont joué la carte de l’ethnicité et ont accentué les dissensions entre chaque ethnie. Mais surtout entre zone géographique, opposant ainsi le nord des Dioulas et le Sud des Bété et Baoulé.

En outre, l’ethnicité a des répercussions tant sur la politique que sur le social.

D’un côté, cette division en différents groupes ethniques ne favorise pas la formation d’une nation nécessaire à la bonne marche d’un Etat démocratique. Et d’un autre côté, elle crée des tensions entre groupes ethniques plus ou moins profondes qui peuvent facilement tourner au massacre, au génocide (voir cas du Rwanda).

Vous l’aurez donc compris, loin d’être la manifestation de haine atavique entre peuples, l’ethnicité est surtout un instrument politique. Contrairement à ce que les médias veulent nous faire croire, l’ethnicité n’est pas le problème aux conflits contemporains en Afrique. C’est plutôt l’argument ethnique utilisé à tout va par nos politiciens qui en est la cause secondaire. La cause première étant, comme partout ailleurs la conquête du pouvoir.


1984 d’Orwell, toujours d’actualité en 2017

George Orwell sur BBC
George Orwell, auteur de 1984

C’était un froid matin de Mai. Saison pluvieuse, saison sèche, on ne s’y retrouvait plus dans ces temps avec le réchauffement climatique. Quoi qu’il en soit, cela faisait maintenant 3 jours consécutifs que le ciel était couvert. Aminata Diallo, le menton rentré dans le cou, s’efforçait d’éviter le vent mauvais. Elle passa rapidement la porte vitrée du bloc des « Maisons des Ruineux en Tout Genre » à Abidjan Mall, pas assez rapidement cependant pour empêcher que s’engouffre en même temps qu’elle un tourbillon de poussière et de sable.

Le hall sentait le café de chez Cosy. À l’une de ses extrémités, une affiche de couleur, trop vaste pour ce déploiement intérieur, était clouée à la vitrine d’un glacier. Elle représentait simplement des visages poupins d’enfants, tenant un cornet de glace à la main et souriant, comme si cette sucrerie leur garantissant le bonheur total.

Aminata se dirigea vers l’escalier. Il était inutile d’essayer de prendre l’ascenseur ou l’escalator. Même dans ces moments les moins lucides, elle n’avait jamais eu le courage de les prendre. Elle avait trop peur que le courant se coupe quand elle est en ascenseur ou d’avoir le vertige sur l’escalier roulant. Actuellement, d’ailleurs, le courant électrique était coupé dans la journée. C’était une des spécialités de la Compagnie Ivoirienne d’Electricité. A croire qu’elle aussi fait des économies d’énergie. N’oubliez pas ! Eteignez la lumière en sortant de chez vous. Et bah c’est pareil avec la CIE. Quand les techniciens descendent du travail, ils éteignent tous les appareils avant de sortir.

Aminata était partie s’acheter une lotion contre l’acné. La vendeuse était si convaincante et si adorable qu’elle se prit également un gel, un savon, une crème en plus de la lotion. La vendeuse lui a dit que c’était « pour un soin complet et efficace ». Aminata, n’y connaissant pas grand-chose et un peu intimidée acheta la gamme complète.

Sur le chemin retour à Angré, Aminata dans son taxi observait le paysage abidjanais. Elle ne voyait que des panneaux indiquant tantôt les artistes invités au FEMUA tantôt le raffinement dont on faisait preuve en buvant une bière. Elle aimait bien ça. Regarder tous ces panneaux. Elle avait l’impression qu’en quelques mètres, elle aurait fait le tour des grands évènements qui se déroulaient dans la capitale.

L’appartement d’Aminata était au troisième. Aminata, qui avait vingt-et-un ans et souffrait d’un ulcère variqueux au-dessus de la cheville droite, montait lentement. Jeunesse et vieillesse, il n’y avait plus de grande différence maintenant. Elle s’arrêta plusieurs fois en chemin pour se reposer. À chaque palier, sur une affiche collée au mur, un énorme message publicitaire la fixait du regard. Une légende, sous chaque affiche, disait : BIG BROTHER VOUS REGARDE.

À l’intérieur de l’appartement d’Aminata, une voix sucrée et avec un accent typiquement ivoirien faisait entendre une série de nouvelles qui avaient trait à la situation dans le monde. La voix provenait d’un écran large de plusieurs pouces encastré dans le mur d’en face. « Emmanuel Macron, élu président de la République française… », « C’est le plus jeune président de la France… », « En seulement deux ans, Emmanuel Macron a réussi à briguer le fauteuil présidentiel… », « Le président Alassane Ouattara s’est rendu au Ghana pour… ».

Aminata appuya un bouton sur la télécommande et la voix diminua de volume, mais les mots étaient encore distincts.

Aminata se dirigea vers la fenêtre. Au-dehors, à travers le carreau de la fenêtre fermée et malgré le mauvais temps, la capitale ivoirienne paraissait toujours aussi chaude. Dans la rue, des jeunes gens étaient joyeux et discutaient du dernier Happy Run organisé par Orange. D’autres, assis autour dans un bar goutaient à la bière dont Aminata avait vu l’affiche sur le chemin retour d’Abidjan Mall. De tous les carrefours importants, les panneaux publicitaires vous fixaient du regard. Il y en avait un sur le mur d’en face. BIG BROTHER VOUS REGARDE, répétait la légende.

Lasse d’observer des gens qui ne se rendaient pas compte que Big Brother les manipulait, Aminata s’assit dans son fauteuil dans l’idée de jeter un coup d’œil sur les réseaux sociaux. Dans son smartphone, entre les articles sur la victoire d’Emmanuel Macron, les critiques sur la politique d’immigration de Marine Lepen et les emoustillements du côté des immigrés, Aminata se sentait toujours la cible de Big Brother. Sans parler des publicités sponsorisées sur Facebook et CIE où nos informations personnelles étaient utilisées à des fins commerciales. Elle avait l’impression d’être la marchandise d’un trafic d’humains. Big Brother l’avait eu. Elle était piégée. Elle n’aurait pas dû lui faire confiance.

Abandonnant également son smartphone, elle prit un morceau du journal quotidien national. Il disait exactement la même chose que la télévision ou Internet, Macron avait gagné, la raciste de Lepen avait perdu contrairement à son homologue américain, Alassane Ouattara travaillait pour rendre la Côte d’Ivoire prospère. Que de la propagande en gros !

En quatrième de couverture, un visage souriant et en légende, les trois slogans de Big Brother :

LA VERITE C’EST LE MENSONGE

LA LIBERTE C’EST L’ESCLAVAGE

L’IGNORANCE C’EST LA FORCE

 

BIG BROTHER VOUS REGARDE, cher lecteur.

Big Brother vous regarde en fond rouge

Signé Miss Africa


Voyage sensoriel au cœur d’Abidjan

 

Je vous présente le texte qui m’a permis d’être retenu pour intégrer Mondoblog. Attention ! Il comprend plusieurs expressions typiquement ivoiriennes. Pour le comprendre, vous pouvez vous référer aux notes de bas de pages. Bonne lecture. Et n’hésitez pas à laisser un commentaire.

 

 

Ennuyée, je me décide à visiter AbidjanIntriguée, je me suis levée pour regarder par la fenêtre,

j’aperçus alors En’Kaï dans toute sa grandeur et sa splendeur. En’Kaï, la déesse-mère chérie des Massaï et source de toute vie se mouvait dans la ville d’Abidjan. A ce fœtus métropolitain, elle fournissait un placenta riche en vitamine B-Espoir, en Oméga Travail et en hormone Joie 225. Cette ville ivoirienne se dressait devant moi sous ce soleil de plomb et j’en tombais amoureuse. Laissez-moi vous peindre un endroit remarquable où j’ai pu expirer toute mon inspiration.

 

 

De ma fenêtre, je voyais Adjamé, la commune aux mille-et-un trafics.

Là, on y trouvait de tout ; du ventilateur aux ordinateurs en passant par des poumons transplantables. Que pouvez-vous donc chercher qu’un commerçant du Black n’ait pas ? Une seule destination : Adjamé. Et ne vous inquiétez pas de l’itinéraire. Les gbakaman (1) peuvent vous déposer au calme. Dans cette section de Babi (2), il n’y avait que des hommes d’affaires. Djo (3), chacun cherche son djai (4) ! On se crevait un tympan à entendre une jeune fille s’égosiller pour liquider son stock de boucles d’oreilles. On se dégotait un rhume à sentir les aisselles d’un apprenti chauffeur quand on monte à bord de son wôrô-wôrô (5), transport par excellence des pauvres gens. Et on se laissait charmer par les vendeurs qui faisaient tout pour vous arracher quelques billets. Quoi qu’il en soit, vous ne ressortirez jamais d’Adjamé comme vous êtes venu.

De ma fenêtre, je pouvais observer les gars (6) et gos (7) de Yopougon à la rue Princesse.

Évitez les idées toutes faites et les clichés d’humoristes. Ce ne sont pas tous des ivrognes, ils ont juste une soif de chameau. Ce ne sont pas tous des fêtards, juste qu’ils apprécient la compagnie de leurs amis sous fond sonore. C’est ça Yop City. La joie de vivre, l’espoir, la fraternité y règnent en maître et les groupes wôyô (8) chantent leur louange.

De ma fenêtre, je voyais du mouvement, de l’empressement, du chahut, des fêtes.

Il se passait toujours quelque chose à Babi. Une chienne met bas ? Vite, une fête. Le mariage de votre sœur ? Rapido presto, on informe tout le village qu’il vienne avec le cortège de bruits et le lot de cousins lointains. Un ami a découvert qu’il était cocu ? Hop, on met son histoire en chanson version Zouglou (9). Y-a-t-il seulement un événement qui n’est pas célébré en Côte d’Ivoire ? Même la Faucheuse a son tube zouglou.

De ma fenêtre, s’élevait de Babi une réelle cacophonie.

A Abobo, l’on pouvait entendre des jeunes gens parler dans un langage bien connu des ivoiriens. Le nouchi stimule les muscles les plus enfouies et les moins connus de la mâchoire et dont la pratique est un véritable calvaire pour les étrangers. Du haut de ma fenêtre, ce n’était pas seulement du grabuge que j’entendais. Au-delà, En’Kaï me faisait écouter la voix d’un peuple qui a soif de croissance économique, d’emploi, de liberté, de technologie, de développement.

De ma fenêtre, les odeurs de la capitale ivoirienne me parvenaient.

Les gaz d’échappement des épaves mobiles des abidjanais avaient intoxiqué l’air d’Abidjan. Ça nous détruisait les poumons à petit feu mais on ne s’en inquiétait pas ; on pouvait toujours en prendre de neufs à Adjamé. Faites un tour d’Abidjan en voiture et vous aurez fait le tour du monde des effluves. Vous serez passé devant le garbadrome (10) et le garbatigui (11) vous aurait servi un bon plat de garba (12) chaud bien salé et pimenté. Et je ne vous parle pas des arômes des sauces d’ici. Mafé, Kedjenou (13), Gombo, toutes ces senteurs me parvenaient et me mettais l’eau à la bouche.

Enfin, de ma fenêtre,

je me suis rendue compte que j’étais restée beaucoup trop de temps à la fenêtre et qu’il fallait être fou pour ne pas se laisser emporter par la mélodie joyeuse que fredonnait à l’unisson les gars et gos de Babi. C’est décidé : je descends me mêler à la troupe. Et vous, quand vous décideriez-vous à vous laisser tenter par les charmes à l’Abidjanaise ?

 

1 Chauffeur de van pour le transport de personnes
2 Abidjan
3 Interjection témoignant d’une certaine évidence
4 Argent
5 Van aussi appelé Gbaka
6 Hommes
7 Femmes
8 Genre musical ivoirien dans lequel on conte une histoire avec pour seul accompagnement un tam-tam
9 Genre musical
10 Lieu où se vend le garba
11 Celui qui vend le garba
12 Semoule de manioc (attiéké) accompagné d’un poisson thon frit et des condiments
13 Soupe de poulet, généralement accompagnée d’attiéké